Matières des lunettes sur mesure

Dernière mise à jour : septembre 2018

Sur mesure et matériaux haut de gamme sont depuis longtemps deux facettes d’une même pièce d’or. Si le luxe s’est modernisé, d’anciens savoir-faire lunetiers perdurent. Bois et métaux rares sont bien entendu de la danse, mais d’autres matières nobles, vivantes et vivaces, se muent en montures entre les mains expertes des artisans.

Découvrez avec nous ce que le sur mesure fait de mieux, de plus précieux et surtout de plus unique – car chaque pièce se révèle subtilement différente des autres.

La promesse d’ivoire

Non, nous n’allons pas vous vanter les propriétés des défenses d’éléphant. Si cette matière a fait rêver maints collectionneurs, les pachydermes avaient un tout autre avis sur la question. Le commerce de leur ivoire est d’ailleurs interdit depuis 1989 afin de protéger l’espèce.

Pourtant, il existe un autre ivoire, travaillé en lunetterie de luxe, qui ne nécessite ni chasse ni élevage : celui du mammouth. Ces animaux préhistoriques, proches des éléphants d’Asie actuels, ont vécu tant en Afrique qu’en Eurasie. Mais c’est en Sibérie que l’on retrouve le plus d’ossements… dont des défenses.
Une défense de mammouth pèse en moyenne 45 kilos, mais peut atteindre les 90 !Le saviez-vous ?
Yvan Vollmy, un opticien-lunetier suisse, est l’un des rares à travailler l’ivoire de mammouth pour ses lunettes.

© Yvan Vollmy

Or, l’ivoire de mammouth convient parfaitement à un usage artisanal. D’abord découpé en fines lamelles, il est ensuite réassemblé en une plaque solide. Le créateur veille alors à façonner son objet sans abîmer l’antique matière.

Yvan Vollmy, un opticien-lunetier suisse, est l’un des rares à travailler l’ivoire de mammouth. Chaque pièce est soigneusement pensée pour un porteur de lunettes.

Pour ne pas utiliser l'ivoire des éléphants, Yvan Vollmy s'est tourné vers l’ivoire de mammouth.

© Yvan Vollmy

La valse lente des écaillistes

Pour beaucoup, l’écaille est le matériau idéal pour la création de lunettes. Totalement naturel, l’écaille de tortue possède des propriétés mécaniques sans aucun équivalent. Constituée de kératine, l’écaille de tortue est remarquablement élastique. Elle s’adapte à la forme du visage et prend sa chaleur, tout en étant anallergique. Seule la carapace de la tortue Caret est apte à la fabrication d’objets, grâce à sa propriété d’auto-greffe.

Travailler l’écaille est un art raffiné que peu maîtrisent. Mais quelques lunetiers, comme les artisans des Établissements Dorillat, en France, perpétuent ce savoir-faire ancestral.

Les artisans des Établissements Dorillat perpétuent le savoir-faire ancestral du travail de l'écaille de tortue.

© Dorillat

Lent, l’écailliste ? Méticuleux. Il sélectionne d’abord les feuilles d’écaille selon la couleur et l’effet voulu. Ensuite, il les ramollit dans l’eau bouillante avant de les greffer ensemble. Le copeau ainsi obtenu est plongé dans l’eau salée pour gagner en volume.

C’est seulement après ce travail préliminaire essentiel que l’artisan commence à façonner sa monture. Cette étape réclame patience et minutie.

Processus du travail de l'écaille de tortue pour la confection de lunettes uniques.

© Dorillat

Chaque courbe, chaque angle, chaque infime partie des lunettes doit être dessinée, découpée puis polie avec précaution. En résulte ce brillant qui flamboie à la lumière, si caractéristique de l’écaille de tortue.
La tortue Caret pèse entre 70 et 100 kg. C’est bien en dessous de la tortue Luth, dont le poids peut atteindre 600 kg !Le saviez-vous ?
Alors ne restent plus que les essayages et les ajustements, pour que le modèle chausse à la perfection le visage unique pour lequel il a été créé.

La chasse à la tortue étant aujourd’hui prohibée, il est impossible de s’approvisionner en carapaces. Cependant, les stocks antérieurs à 1976 peuvent toujours être légalement exploités.

La chasse à la tortue étant prohibée, il est impossible de s’approvisionner en carapaces pour créer de nouvelles lunettes.

© Dorillat

Des cornes en abondance

Les lunetiers haut de gamme sont fascinés par les matières vivantes. Plus difficiles à travailler, elles sont aussi souvent plus rares et précieuses. De nombreux créateurs de lunettes sur mesure se sont ainsi emparés de la corne de buffle d’eau.
Pour modeler ce matériau, les artisans le chauffent à la vapeur, afin de le ramollir tout en délicatesse. Ils obtiennent alors des plaques dans lesquelles ils découpent les pièces qui seront ensuite assemblées puis polies. 

C’est en Allemagne qu’un designer travaille sur les « matières naturelles », dont le buffle d’eau. Hoffmann Natural Eyewear est un spécialiste des lunettes en corne sur mesure, qu’il façonne sur mesure dans son atelier germanique.

Des matériaux les plus communs comme l’acétate aux plus étonnants, les possibilités du sur mesure sont presque infinies. Les lunetiers du luxe prouvent chaque jour que leur art n’est pas près de disparaître, car aucune technologie ne saurait remplacer la main experte d’un artisan qualifié qui travaille avec l’amour du métier et le respect de la matière.

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