Le nec plus ultra du sur mesure : interview de l’opticien Ludovic Elens
Pour découvrir comment sur-mesure peut rimer avec très haut de gamme, Lunettes Originales s’est rendu à Bruxelles. Rencontre avec Ludovic Elens, qui met tout son talent à façonner des montures luxueuses dans des matières rares et précieuses.
© Ludovic Elens x Studio Fiftyfifty
VOUS ÊTES SPÉCIALISÉ DANS LES LUNETTES SUR MESURE DE TRÈS HAUTE FACTURE, QUE VOUS CRÉEZ DANS VOTRE ATELIER LUNETIER LUDOVIC À BRUXELLES. QUAND A COMMENCÉ CETTE AVENTURE ? QUELLE EN EST L’ORIGINE ?
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AVEZ-VOUS EU BESOIN D’UNE FORMATION SPÉCIFIQUE POUR MAÎTRISER CET ART SI EXIGEANT ?
Oui, j’ai suivi un stage animé par les Meilleurs Ouvriers de France. Cependant, lorsque j’ai voulu me lancer, c’est le travail de création au quotidien qui a été réellement formateur. Nous fabriquons plus de 100 lunettes sur mesure chaque année !
LES CLIENTS SONT DONC NOMBREUX, CELA IMPLIQUE-T-IL UNE VASTE DIVERSITÉ DE PROFILS ?
En effet, le public est très vaste. Nous rencontrons 4 types de demandes.
Premièrement, nous recevons des personnes qui ont une morphologie particulière : nez large, ou creux, ou perroquet… Aujourd’hui, ils ne trouvent pas d’offres adaptées à leur visage, les grandes marques préférant proposer une taille unique et varier sur les nuances.
Puis, il y a tous ceux qui recherchent un design inédit, une composition différente, des coloris excentriques, extravagants… Nous créons notamment beaucoup de modèles de scène pour les acteurs et les artistes.
© Ludovic Elens x Studio Fiftyfifty
Un troisième profil est celui du quinquagénaire accompli, qui possède déjà un costume et des chaussures sur mesure, et qui souhaite se procurer des lunettes luxueuses en or ou en corne.
Enfin, nous sommes en contact avec des professionnels, avec qui nous partageons notre savoir-faire sur le conseil et la vente d’optiques sur mesure.
CES PERSONNES VIENNENT À VOTRE RENCONTRE AVEC DES BESOINS ET DES ENVIES SPÉCIFIQUES, COMMENT SE DÉROULE ENSUITE LA FABRICATION ?
© Ludovic Elens x Studio Fiftyfifty
À ce moment-là, à partir du dessin, nous développons un modèle en carton. Quand celui-ci est prêt, nous proposons à la personne un deuxième rendez-vous d’environ 1h : nous choisissons la matière, la forme des rivets, des branches, l’épaisseur. Nous fabriquons la monture définitive, et retrouvons l’heureux acquéreur un mois plus tard, afin de procéder aux derniers ajustages.
Les lunettes sont adaptées au visage, les manchons sont coudés derrière les oreilles. Nous abordons également la question des verres. Le client n’a plus alors qu’à revenir les chercher.
CELUI-CI PARTICIPE-T-IL À LA CONCEPTION DU MODÈLE ?
Totalement ! Le porteur est complètement impliqué dans ce processus. Je dessine devant lui, et parfois il prend aussi le crayon : nous créons réellement ensemble ! Il lui appartient alors de choisir la matière parmi toutes celles dont nous disposons. Mais si je sens qu’il est submergé, qu’il n’arrive pas à se décider, je l’oriente vers celles qui me semblent les plus adaptées.
© Ludovic Elens x Studio Fiftyfifty
VOUS PROPOSEZ DONC UNE VASTE GAMME DE MATÉRIAUX ?
Oui, nous travaillons à partir de bases rares : de la corne venue d’Inde ou de Madagascar, de l’écaille de tortue. Bien sûr, tout est importé dans le respect de la loi.
UNE DERNIÈRE PHRASE POUR DÉFINIR VOTRE MÉTIER ?
Je voyage beaucoup pour rencontrer des clients et rechercher de nouvelles matières, rêvant toujours de dénicher celle qui pourrait rendre mes lunettes uniques et différentes. Certains arts, comme la maroquinerie, impliquent de fabriquer une multitude d’accessoires avec une seule base. Dans l’artisanat lunetier, au contraire, l’objet est au centre, et il est ensuite décliné dans tous les matériaux imaginables.
© Ludovic Elens x Studio Fiftyfifty